Le sécurisexe

Voyons quelques stratégies pour rendre le sexe plus sécuritaire. Ensuite nous discuterons des articles dont tu as besoin dans ta trousse de sécurisexe

Le sens du terme « sécurisexe » diffère selon la personne. Dans le présent guide, le sécurisexe consiste généralement à minimiser le risque de contracter ou de transmettre des ITS tout en maximisant son plaisir !

Parfois, on ne pratique pas le sécurisexe
Dans la vie, on n’a pas toujours des relations sexuelles qui correspondent à notre définition personnelle du sécurisexe, pour de nombreuses raisons.

Voici quelques exemples :

on ne se sent pas prêt∙e émotionnellement (on se sent vulnérable ou, au contraire, invulnérable);
on est sous l’influence de drogues ou d’alcool;
il nous manque les renseignements pour prendre des décisions éclairées (p. ex. au sujet des stratégies de sécurisexe après une chirurgie génitale);
on prend ce qui passe parce qu’on pense que c’est la seule possibilité d’intimité ou de sexe;
on veut faire certaines choses avec quelqu’un, mais on ne sait pas comment le communiquer clairement à nos partenaires, ni même à soi-même.

Si tu regrettes certaines expériences, songe à te pardonner pour les choix que tu as faits. Nous sommes perpétuellement en train d’apprendre à mieux prendre soin de nous-mêmes.

« Sécurisexe » est un terme au sens large. C’est pourquoi il existe un grand nombre de stratégies de sécurisexe, de l’apprentissage à l’amélioration de la communication, et aussi à l’utilisation de méthodes de barrière.

Quelques stratégies à considérer :

Cherche à en apprendre au sujet du sexe et de ton corps :
Par exemple, tu peux consulter des articles sur la santé trans. Tu peux aussi parler avec tes pairs trans et non binaires. Pour commencer, consulte la section Ressources.

Parle franchement de tes attentes avec tes partenaires :
Que signifie le sécurisexe pour toi ? Qu’est-ce que ça veut dire en pratique ? En plus d’y réfléchir, parles-en avec tes partenaires sexuel∙le∙s. Il est conseillé d’amorcer la discussion lors de moments où vous êtes capables de penser clairement et plus en mesure de prendre des décisions réfléchies (p. ex. avant les relations sexuelles ou pendant les préliminaires). Laisser le matériel de sécurisexe à la vue des partenaires peut aussi aider à lancer la conversation.

Établis tes limites et vérifie celles de ton partenaire :
Même si on est ouvert au dialogue et à l’expérimentation sexuelle, chaque personne a ses limites. Il vaut la peine d’informer tout∙e partenaire sexuel∙le de ce que tu veux et ne veux pas faire sexuellement et de vérifier les limites de tes partenaires. (Voir la section Comprendre le consentement.)

Ton/ta/taon partenaire sexuel∙le et toi pourriez rédiger une entente qui décrit les limites et attentes dans votre relation sexuelle et (si pertinent) dans votre relation en général. Par exemple, vous pourriez décider de ne pas utiliser de condoms entre vous deux, mais de les utiliser avec d’autres personnes. C’est important au cours de votre relation de revenir sur cette entente de temps en temps pour vérifier qu’elle correspond toujours à vos attentes et besoins et pour la modifier au besoin.

Connais ton statut en matière d’ITS :
Quand chaque personne dans une relation connaît son propre statut quant aux ITS, elle peut prendre des décisions éclairées concernant ses pratiques sexuelles. (Voir la section Se faire tester régulièrement.

Utilise des barrières physiques et d’autres articles de sécurisexe :
Il est suggéré de se constituer une trousse de sécurisexe et de la garder dans un endroit accessible.

Condoms externes
Les condoms externes peuvent être mis sur n’importe quel jouet, accessoire ou membre utilisé pour la pénétration, y compris les pénis en chair, les strap-on et autres jouets sexuels (surtout s’ils sont faits de bois, de cuir, de latex, ou de silicone, et ne peuvent pas être stérilisés).

Condoms internes
Ces condoms s’insèrent soit dans l’anus, soit dans le trou frontal (vagin) . (À noter que ces condoms sont couramment vendus sous le nom de « condoms féminins » ou « fémidoms ».)

Digues dentaires
Pendant le sexe oral, ces minces membranes créent une barrière sécuritaire entre la bouche et le cul ou entre la bouche et trou frontal (vagin). Les digues dentaires sont particulièrement utiles si le/la/lo partenaire réceptif·ve est menstrué·e.

Gants et doigtiers
On utilise les gants pour empêcher que nos doigts et nos mains ne viennent en contact avec les sécrétions pouvant transmettre une ITS. Ils sont particulièrement utiles pour se protéger quand on a des lésions sur la peau, comme de petites coupures, des tatouages récents, des petites blessures autour de l’ongle ou de l’eczéma.

Dans le contexte médical, les doigtiers sont portés sur les doigts (p.ex. pour garder au sec les blessures). Dans le contexte du sécurisexe, elles sont utilisées non seulement sur nos doigts, mais aussi sur nos jouets et accessoires de taille appropriée, et pour certain∙e∙s d’entre nous, sur nos queues post-op.

Lubrifiant
La friction qui se produit pendant une relation sexuelle peut causer de minuscules déchirures sur la peau ou sur les barrières utilisées pour le sécurisexe. Ces petites déchirures peuvent permettre l’entrée d’ITS dans votre organisme. Le lubrifiant réduit la friction et aide à garder le tout glissant.

En général, plus on met de lubrifiant, plus il y a de plaisir : C’est surtout vrai pour le sexe anal, puisque l’anus ne se lubrifie pas de lui-même.
Évite de partager ton pot de lubrifiant avec les autres : Cette pratique est surtout nécessaire pour éviter les infections transmises par le sang.
La testo peut causer une sécheresse du trou frontal, mais un lubrifiant peut aider : Tu peux utiliser des crèmes à base d’œstrogènes conçues pour le trou frontal. Ces crèmes n’interagissent pas avec les effets masculinisants de la testo.
Certains lubrifiants conviennent mieux à certaines activités : Par exemple, pour trouver un lubrifiant qui convient au fisting, consulte la section Fisting et finger fucking. Il est également bien de s’assurer que ton lubrifiant est compatible avec les articles que tu utilises, comme les gants, les condoms ou les digues.

La PrEP (prophylaxie pré-exposition) et la PPE (prophylaxie post-exposition) sont des médicaments qui peuvent empêcher le VIH de s’établir dans ton corps. La PrEP pourrait aussi être offerte sous forme d’injection dans un proche avenir.

PrEP

Quand la prendre : Avant d’être exposé au VIH.
Durée du traitement : Tu devrais prendre la PrEP au moins 20 jours avant toute relation sexuelle par le trou frontal et au moins 7 jours avant le sexe anal. Idéalement, il faudrait continuer à prendre la PrEP chaque jour. Par contre, d’autres options pourraient te convenir (y compris une option moins coûteuse appelée le 2-1-1), alors demande à ton fournisseur de PrEP celles qui seraient les mieux adaptées à ta situation.
Où se procurer le médicament : Pour savoir où te procurer la PrEP, contacte ton organisme local de lutte contre le VIH/sida ou ton fournisseur de soins de santé.

PPE

Quand la prendre : Aussitôt que possible après une exposition potentielle au VIH (dans les 72 heures).
Durée du traitement : Pendant 28 jours après une exposition potentielle au VIH.
Où se procurer le médicament : Aux urgences à l’hôpital. Explique à l’infirmier à l’accueil que tu crains d’avoir été exposé∙e au VIH lors de relations sexuelles.

Cherche de l’aide pour couvrir les coûts :
Dans certains cas, c’est possible d’obtenir une couverture partielle ou totale des coûts de la PrEP/PPE (p. ex. : par des programmes d’accessibilité à la PrEP comme PrEPStart, certains assureurs privés, et — pour certains membres des Premières Nations et Inuits — le Programme des services de santé non assurés). Tu peux également demander à ton fournisseur d’offrir le traitement sans frais pour des motifs humanitaires.

As-tu besoin d’un accès facile à la PPE ?
Si tu ne prends pas la PrEP mais penses que tu seras exposé∙e au VIH, disons, une ou deux fois par an, tu peux demander à ton médecin ou à une clinique de santé sexuelle de te prescrire la « PPE dans la poche » (PIP, pour PEP in pocket). C’est une ordonnance de PPE remise à l’avance qui donne accès à la PPE sans avoir besoin de se présenter aux urgences.

Il existe des ressources pour informer ton médecin :
Si ton médecin est mal informé sur la PrEP/PPE, tu peux lui demander de contacter des collectifs favorisant l’accès à ces traitements ou des pharmacies qui se spécialisent en PrEP/PPE.

La PrEP et la PPE n’offrent aucune protection contre les autres ITS.
Pour prévenir les autres ITS, il est conseillé d’utiliser des barrières physiques ainsi que d’autres stratégies de sécurisexe.